Entretien avec Pamela Ravassard, l’une des comédiennes qui joue le rôle de Louise, la journaliste. Le 4 février à La Croisée des Arts.
Il s’agit d’une pièce qui aborde bon nombre de thématiques inhérentes à la Première Guerre mondiale et donc ces filles que vous plantez, est-ce que ce sont les précurseurs du féminisme en France ?
Avant elles, il y a eu Olympe de Gouges… mais il s’agit en effet des prémices du féminisme tel qu’on le connaît dans la société actuelle. Louise, mon personnage, inspirée d’une journaliste qui a existé et s’appelait Marcelle Capy, s’est infiltrée dans les usines d’armement lors de la Première Guerre mondiale et a milité pour le droit de vote des femmes, l’égalité salariale, a pointé du doigt les conditions de travail déplorables dans les usines qui l’étaient encore plus pour les femmes car ce n’était pas considéré comme important parce qu’elles étaient là pour un temps donné et d’ailleurs quand la guerre a été finie, elles sont retournées à leurs fourneaux.
De là émergent plusieurs valeurs que vous décrivez parfaitement, la solidarité notamment.
Dans la pièce, quand Louise arrive dans cette usine, elle est le lien, elle pense qu’elle va être assez neutre et en fait, une amitié naît entre ces femmes qui se rendent compte que chacune traverse les mêmes choses, elles sont seules, leur mari est absent…
Des liens forts se nouent dans des périodes difficiles mais qui ne perdurent pas forcément quand la vie reprend son cours « normal »…
On l’a vécu il n’y a pas longtemps en effet avec le covid et le confinement, on s’est rendu compte qu’il y avait une solidarité des uns envers les autres, on s’est dit tous très unis et puis quand les barrières se lèvent, la vie reprend ses droits et chacun repense à son petit lopin de terre.
Que faire pour en tirer des bénéfices sur la durée, en tirer les bons enseignements ?
Je pense que c’est au creux même de l’enfance et de l’éducation que cela se joue. Une société, c’est vivre avec l’autre et si on ne se dit pas que l’autre a autant d’importance que soi, il ne peut pas y avoir de communion en son sein.
Vous avez quels retours sur la pièce ? Suscite-t-elle la réflexion ?
Les retours sont positifs, tous assez différents. Certains nous disent qu’ils ne connaissaient pas cette histoire et effectivement, c’est un pan un peu oublié. On n’a pas su qu’il y avait des grèves, que les femmes s’étaient battues pour le droit de vote. L’autre chose que l’on apprend, c’est ce qu’il est ressorti de tout cela. Elles n’ont pas eu le droit de vote mais ont obtenu l’égalité salariale… Mais dès que la guerre fut finie, la situation est revenue à l’identique. Les retours sur la mise en scène de Johanna Boyé qui a su de manière très fine retranscrire le travail à l’usine sont aussi dithyrambiques.
« Les filles aux mains jaunes »
De Michel Bellier/ Cie les Sans Chapiteau fixe et hyperactif créations
Théâtre historique, samedi 4 février 2023 – 21 heures, à la Croisée des Arts
Coup de coeur du public – Festival Off d’Avignon 2019
Mise en scène : Johanna Boyé
Avec Brigitte Faure, Anna Mihalcea, Pamela Ravassard, Elisabeth Ventura
Durée : 1h30 – Tout public à partir de 12 ans
Tarifs : 25 euros
© Fabienne Rappeneau