Entretien avec Gilles Tournillon, restaurateur d’objets de patrimoine, qui intervient sur la basilique.
La première tranche achevée, où en sommes-nous des travaux de restauration du choeur de la basilique ?
«On a déjà récupéré et transporté à l’atelier tous les éléments et fragments que l’on commencera à restaurer début janvier. Début mars, on attaquera la restauration intérieure, travée par travée.»
Concrètement, en quoi va consister le travail réalisé à votre atelier de Sérignan-du-Comtat ?
«On va consolider les parties en bois, objets vermoulus et procéder à des tests, aussi, de remises en état de présentation.»
Quelles sont les essences de bois répertoriées au sein de la basilique ?
«Les boiseries que vous voyez jusqu’à hauteur des corniches sont toutes en noyer y compris les retables. Tout va être refait dans les mêmes essences.»
Qu’est ce qui abîme autant les boiseries ? Les effets du temps ? Les insectes ?
«Ce sont surtout les insectes qui ont dégradé le bois, on le voit bien, particulièrement dans les parties inférieures, ce à quoi s’ajoute l’attaque de micro organismes, des champignons qui se développent au contact des sols et qui ramollissent et fragilisent le bois.»
Quelles techniques utilisez-vous pour faire du vieux avec du neuf?
«A Saint-Maximin, les plaintes qui ont été très détériorées vont être déposées, greffées et lorsqu’elles sont atteintes sur plus de 70% de leur surface, on va les remplacer. On a le devoir de réaliser des opérations qui sont durables, et pas simplement de faire du visuel en bouchant les trous. Pour le reste de la boiserie, notre objectif est de conserver la matière originale avant de restaurer. L’objet doit garder son caractère actuel en retrouvant un état de présentation qui soit convenable. On s’inscrit dans la démarche des artistes de l’époque et on réintègre des lacunes de bois, des manques de sculptures parce qu’on a la preuve que le motif existait bien à l’origine.»
Est-ce que l’état des boiseries de la basilique présente une singularité par rapport aux ouvrages de la même époque sur lesquels vous intervenez ?
«Les boiseries paraissent plutôt en bon état. On a en effet parfois des objets de cette époque qui sont beaucoup plus dégradés, qui ont subi des infestations énormes.»
Cela tient à quoi cette résistance aux outrages du temps ?
«C’est une commande que l’on peut qualifier de «quasi royale», comme tous les objets de la basilique. Par conséquent, du démarrage de l’intervention, c’est-à-dire, du choix des bois jusqu’à la finition, on a du haut niveau, du bois intrinsèquement de très bonne qualité. L’ouvrage n’a pas été bâclé.»