[27/05/2021]

Discours de M. Le Maire à l’occasion de la journée commémorative de l’action de la Résistance :

Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants des autorités civiles et militaires,
Messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames et Messieurs,
Le 27 mai a été retenu comme journée nationale de la Résistance car c’est la date anniversaire de la première réunion clandestine du Conseil national de la Résistance
Dans notre département ainsi que dans notre commune la Résistance a été particulièrement active sous ses deux aspects :- les maquisards composés de syndicalistes, de soldats Italiens après la capitulation de l’armée de Mussolini, de Républicains espagnols, de persécutés raciaux qui étaient pour la plupart contraints de vivre dans les bois pour échapper aussi bien à la police de Vichy qu’à l’occupant. Une compagnie de Franc Tireurs et Partisans a vécu ainsi dans les bois de l’Aurélien durant l’hiver 1943/1944.- les résistants légaux qui ne l’étaient pas plus que les autres mais qui ne faisaient pas l’objet de recherche et donc qui pouvaient demeurer chez eux. C’était le cas notamment de ceux de l’Armée Secrète et de l’Organisation de Résistance de l’Armée qui avait pour objectif de se préparer à épauler les troupes régulières tout de suite après le débarquement de Provence. Pour cela ils avaient besoin d’armes et de munitions provenant de parachutages tels que celui dont je vais vous parler et qui a été réceptionné par des habitants de notre commune que certains d’entre vous ont connu. Le 30 avril 1944, vers 18h30, Radio Alger diffuse le message « Le rhinocéros mangera de la vache enragée ». Il annonce un parachutage d’armes et de munitions pour le lendemain à Saint-Maximin, sur le terrain de Berne.Le 1er mai, en fin d’après-midi, des petits groupes de résistants locaux membres de l’Organisation de Résistance Armée se forment et remontent prudemment le Réal Vieux jusqu’au Saint Pilon. De là ils empruntent le chemin qui les conduit jusqu’au quartier de Berne. Certains sont laissés en route pour faire le guet.A partir de minuit, tous les hommes se tiennent prêts dans le grand champ qui se trouve en contrebas, au dessous de la ruine de Berne.Sont présents, outre le lieutenant-colonel Joseph GOUZY qui dirige l’opération, Paul BERTIN, Gaston PERI, Charles HUGOU, Raoul BERTIN, Philippe LEGENDRE, Henri ROUX, François Fernand VERLAQUE, André BERTON, Guillaume COGO, Jacques BERANGER, Marcel VERLAQUE, Jean CAPELLADES, Antoine MILESI ainsi que le père dominicain Robert de BIENASSIS.Je dois préciser que cette liste issue de témoignages que j’ai collectés, est probablement incomplète car un rapport établi par Paul BERTIN à la Libération faisait état de 18 participants.Après une longue période d’attente au terme de laquelle ils commençaient à désespérer, vers deux heures du matin, ils entendent enfin le vrombissement d’un avion qui survole les lieux. Trois feux disposés en triangle sont éclairés pour baliser le terrain et Jean CAPELLADES, qui se trouve au dessus de la ruine, effectue en morse le signal convenu (la lettre L).L’appareil, sans répondre, oblique vers le nord-ouest et disparaît. Dix minutes plus tard il revient et effectue plusieurs passages espacés de quelques minutes chaque fois.Les hommes commencent à douter de l’identité de l’avion et s’attendent à voir surgir les Allemands.Enfin, après un dernier virage, l’appareil se place dans la ligne de champ, répond au signal et largue quinze containers à deux heures et demie du matin.Ce n’est que vers huit heures et demie, alors qu’il fait grand jour, que le dernier container baptisé « pour Ferdinand » (car il ne contient que des conserves et cigarettes destinées aux hommes effectuant la mission) est retrouvé sur l’autre versant, du côté de Recours.C’est au total, trois tonnes d’armes et de munitions qui sont cachées dans l’ancien four à pain de la ruine de Berne qui existe toujours d’ailleurs.Ces hommes, que j’ai interrogés bien des années plus tard, n’avaient pas le sentiment d’avoir réalisé des actions héroïques et pourtant, si ils avaient été pris, ils auraient fusillés ou au mieux déportés. Ils le savaient mais ça n’a jamais freiné leur détermination et nous nous devons de transmettre la mémoire de ces faits car ils doivent demeurer pour nous tous des exemples.Si à la fin de la guerre la France a pu se retrouver à la table des vainqueurs, c’est à une multitude d’anonymes comme ceux que je viens de vous citer qu’elle le doit. Et ça on ne peut l’oublier !Vive l’esprit de la Résistance.Vive la République.Vive la France.